En présentant mercredi son projet de loi sur les services à la personne en conseil des ministres, Jean-Louis Borloo nous apprend qu’il va autoriser la location des chambres de moins de 9 m2 "pour les étudiants et les personnes défavorisées".
Alors que la loi de juillet 1989 prévoit que la surface minimale d’un logement décent est de 9 m2, le ministre entend déroger à cette loi pour louer des chambres de bonnes de 7 à 9 m2 !
Face au constat du mal-logement en France, alors que, selon les chiffres officiels, 3 millions de personnes sont mal logées, 1,6 millions de personnes vivent dans des logements sans sanitaire, 1 million de personnes sont logées en situation de surpeuplement, 550 000 personnes - dont 50 000 enfants - vivent dans des hôtels, des meublés ou en sous-location, au moins 86 000 personnes sont sans domicile, le gouvernement propose comme réponse la location de logements moins grands qu’une cellule de prison ! Nous sommes exactement dans la même logique que celle qui a amené à autoriser, au départ de manière temporaire, puis de façon durable, le logement en hôtels meublés des familles à la rue. Après les 23 morts de l’incendie de l’hôtel Paris Opéra, l’actualité a malheureusement prouvé qu’il s’agissait de "solutions" précaires et insoutenables. Voilà à quoi l’on s’expose en rendant légal le logement précaire et insalubre, car c’est de cela dont il s’agit lorsqu’on parle des chambres de bonnes exigües, sans confort, souvent surpeuplées, louées au noir, parfois à des prix exorbitants.
Mes collègues du groupe "communiste, républicain et citoyen" et moi-même nous joignons aux associations de lutte pour le logement et aux organisations étudiantes qui dénoncent unanimement cette mesure.
C’est en effet la question du logement dans son ensemble qui doit être repensée. Depuis des décennies, notre pays connaît une régression insupportable des conditions de logement d’urgence des familles en difficulté. L’État doit prendre ses responsabilités. Face à la situation alarmante des mal logés, il est indispensable de mettre en place un grand service public national du logement, permettant de répondre à toutes les situations et dont l’un des objectifs prioritaires sera le lancement d’un programme sans précédent de construction de logements adaptés aux besoins sociaux.