Avant de présenter aujourd’hui son projet de loi sur les services à la personne en conseil des ministres, le ministre de la cohésion sociale a rendu public hier, son projet d’autoriser la location des chambres de moins de 9m2 "pour les étudiants et les personnes défavorisées".
Face au constat alarment du « mal logement » en France, alors que selon les chiffres officiels, 3 millions de personnes sont mal logées en France, 1,6 millions de personnes vivent dans des logements sans sanitaires, 1 million de personnes sont logées en situation de surpeuplement accentué, 550 000 personnes - dont 50 000 enfants - vivent dans des hôtels, des meublés ou sous-locataires, au moins 86 000 personnes sont "sans domicile", le gouvernement propose comme réponse la location de logements moins grands qu’une cellule de prison.
On est en fait face à un pur et simple effet d’annonce. Cette mesure ne concernerait que quelques 2000 chambres : c’est de toute façon bien trop peu pour pouvoir espérer enrayer la crise du logement étudiant ou combattre la précarité des sans logis. Au contraire, autoriser la location des chambres de moins de 9m2, c’est suivre la même logique que celle qui a amené à autoriser, au départ de manière temporaire puis de façon durable, le logement en hôtels meublés des familles à la rue. Or, après les 23 morts de l’incendie de l’hôtel Paris opéra, l’actualité a prouvé à quel point le relogement en hôtel était une solution précaire et insoutenable. Voilà à quoi on s’expose en rendant légal le logement précaire et insalubre car c’est de ça dont il s’agit lorsqu’on parle des chambres de bonnes, exigues, sans conforts, souvent sur-occupées, louées au noir, parfois à des prix exhorbitants
Le groupe communiste républicain et citoyen du sénat se joint aux associations de lutte pour le logement et aux associations et organisations étudiantes qui dénoncent unanimement cette mesure dont l’effet ne sera que celui d’un « pansement sur une jambe de bois ».
C’est en effet la question du logement dans son ensemble qui doit être repensée. Depuis des décennies notre pays connaît une régression insupportable des conditions de logement d’urgence des familles en difficultés. L’Etat doit prendre ses responsabilités. Un programme de construction à la hauteur des besoins doit immédiatement être mis en œuvre. Face à la situation alarmante des mal logés, il est plus que jamais indispensable de mettre en place un grand service public national du logement, permettant de répondre à toutes les situations, sans passer ni par la location de micro-logements ni par les hôtels privés, et dont l’un des objectifs prioritaires sera le lancement d’un programme sans précédent de construction de logement adaptés aux besoins sociaux.