La ministre de la Justice a annoncé, sans concertation, une nouvelle suppression de 9 000 places de prison : 23 établissements devront fermer et une vingtaine de constructions nouvelles accueilleront 14 000 détenus. L’objectif : 68 000 places en 2017.
Le constat, résultat de longues années d’absence de volonté politique, est effectivement alarmant dans nombre de prisons. Nous l’avons dénoncé depuis longtemps et notamment lors du débat sur la loi pénitentiaire. Mais c’est un texte a minima, sans programmation budgétaire, qui a été voté.
Oui, il faut mettre des moyens partout où c’est nécessaire pour permettre des conditions de détention dignes et une réinsertion réussie.
Mais, adossée à une inflation législative répressive sans fin, la construction de nouvelles places en prison ne résoudra rien. En réalité, on enfermera toujours plus. L’Administration pénitentiaire n’a-t-elle pas évoqué 80 000 détenus en 2012 ? On y va tout droit !
De plus, si les nouveaux établissements offrent un cadre décent, ils sont déshumanisés, avec des capacités allant jusqu’à 700 places et des technologies se substituant à l’intervention des surveillants. Il n’est qu’à voir le nouvel établissement de Lyon-Corbas.
Le privé va y trouver bénéfice. La ministre prévoit d’ores et déjà la vente des sites supprimés. En outre, on peut penser qu’elle aura recours aux partenariats public-privé pourtant épinglés il y a une semaine dans un rapport de la Cour des Comptes pour leur coût prohibitif.
Quant aux prisons qui devront être mises aux normes, elle a déjà fait savoir qu’elle en appellera à un financement important des collectivités territoriales dont on connaît pourtant les difficultés financières croissantes. C’est inacceptable !