A l’invitation de syndicalistes, je me suis rendue à l’hôpital Ambroise Paré de Boulogne la semaine dernière.
La visite de plusieurs services et la rencontre de nombreuses équipes soignantes m’ont donné l’occasion de vérifier les dégâts déjà opérés par les politiques libérales. Réduction des dépenses publiques, introduction de la tarification à l’acte sont synonymes de réductions d’effectifs et de restrictions en tout genre.
Les effectifs de l’hôpital sont ainsi passés de 1488 agents en 2008 à 1401 en 2009. Tous les corps de métiers sont touchés. Il manque une cinquantaine d’infirmières. Les services de réanimation médicale et chirurgicale sont sous le coup d’un projet de regroupement qui fait craindre de nouvelles restrictions de capacités d’accueil et de qualité de soins. J’ai d’ailleurs déposé une question orale au Sénat que je poserai à la Ministre le 23 juin.
L’inquiétude des personnels est grande. Elle est d’autant plus légitime qu’à compter de demain, le Sénat examinera le projet de loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires ».
Celui-ci se situe dans la continuité du plan Juppé de 1995, de la loi Douste-Blazy de 2004 et du plan hôpital 2007 qui ont constitué des étapes vers l’hôpital-entreprise. Sous couvert de pseudo avancées dans le domaine de l’organisation des soins, ce projet de loi va occasionner une nouvelle aggravation dans l’accès aux soins de nos concitoyens
En prévoyant dans son article 1er, la privatisation totale du service public hospitalier, c’est l’accès aux soins des plus défavorisés qui est dénié. La notion de mission de service public de santé pourra ainsi demain être confiée à des établissements de santé à but lucratif, comme le revendique la Commission européenne.
Ce projet de loi va donc plus loin dans la marchandisation de la santé. A terme, il n’existerait plus qu’un seul hôpital par territoire. Les médecins seraient rémunérés au rendement, les malades baladés entre les hôpitaux et les cliniques, selon qu’ils sont rentables ou coûteux.
Les professionnels de la santé, tous ensemble - médecins, infirmiers-ières, personnels techniques et administratifs, dans l’unité de leurs organisations syndicales rejettent ce projet de loi.
Parce que je fais le choix de la solidarité et de l’égalité d’accès au droit à la santé pour tous et toutes, je suis à leurs côtés et je ne ménagerai pas mes efforts pour faire capoter le projet de loi Bachelot.
L’hôpital public est un atout à protéger. Les moyens de son fonctionnement pérenne existent comme en témoignent les revendications des personnels.