L’Education nationale, première victime de la rigueur

Publié le 2 septembre 2008 à 17:37 Mise à jour le 8 avril 2015

La rentrée scolaire à peine engagée, les enseignants envisagent d’organiser rapidement la mobilisation contre les réformes engagées par Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos.

Les enseignants ont raison !

L’Éducation nationale est en effet la première à faire les frais de la décision du gouvernement de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. C’est ainsi que 112OO postes doivent disparaître dès la rentrée 2008 et 13 5OO en 2009.
Tout comme les enseignants, 68 % des Français considèrent que ces suppressions de postes auront un impact négatif sur la réussite scolaire.

En dépit de l’annonce de l’octroi d’une prime de 15OO euros aux enseignants débutants et de celle de 5OO euros pour ceux acceptant de faire des heures supplémentaires, c’est bien de rigueur budgétaire dont il faut parler.

Cette austérité n’est pas la seule à mettre en péril le service public de l’Education.
N. Sarkozy supprime la carte scolaire, diminue le temps d’enseignement au primaire tout en mettant en place des programmes alourdis, appauvris. Il remet en cause l’existence de la maternelle. Il s’attaque au lycée, avec la réforme des filières de la voie générale, avec le recentrage de la voie technologique et professionnelle, dont la généralisation du bac professionnel en 3 ans, dissuadant ainsi ces bacheliers de poursuivre des études supérieures.
Il met en route un service minimum d’accueil à l’école qui a pour objectif de transférer de nouvelles compétences aux communes et de compliquer l’exercice du droit de grève pour les enseignants.


Des réformes marquées du sceau du libéralisme.

Toutes ces réformes qui s’additionnent sont loin de constituer des demi-mesures.
Elles façonnent en réalité le projet de la droite pour l’Ecole en en transformant progressivement les missions et les finalités, en s’émancipant des obligations de service public pour une école de la réussite pour tous. A l’objectif d’un haut niveau de connaissances pour toutes et tous, il faut substituer une visée d’employabilité. Car, il s’agit d’accélérer la mise en œuvre de la feuille de route tracée par la commission européenne dans le cadre de l’agenda de Lisbonne en 2000 et de construire d’ici 2010 « l’économie de la connaissance la plus compétitive et plus dynamique du monde ».
Ce n’est pas ainsi que l’on fera reculer les inégalités, que l’on réduira la fracture sociale.

Augmenter les moyens, ouvrir une véritable concertation.

Pour que l’Ecole renoue avec un objectif réel de réussite pour chacun et chacune, elle a notamment besoin de moyens. L’éducation constitue un investissement décisif pour un pays. Pour assurer le plein développement de ses capacités et se construire comme citoyen, pour accéder à des emplois épanouissants et rémunérateurs, il y a besoin d’un système éducatif qui permette d’amener tous les élèves à un haut niveau de formation scolaire. Cela suppose un effort considérable.
Non seulement, il faut augmenter sensiblement le budget de l’éducation nationale, mais il faut, dès à présent, nourrir une véritable et large concertation avec l’ensemble de la communauté éducative, les parents d’élèves et les élus de la Nation pour promouvoir une réforme d’ensemble de progrès répondant à une ambition véritable de réussite scolaire. Ce projet, il y aussi besoin de le construire à l’échelle de l’Europe.

Brigitte Gonthier-Maurin

Ancienne sénatrice des Hauts-de-Seine
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