Intermittents : lettre ouverte des parlementaires communistes au ministre de la Culture

Publié le 25 septembre 2003 à 17:44 Mise à jour le 1er avril 2015

par les parlementaires communistes

Monsieur le Ministre,

Trois mois après la signature de l’accord du 26 juin 2003, le mouvement des intermittents du spectacle, bien loin de s’essouffler, poursuit son entreprise de réflexion sur la place de la Culture dans notre société et l’importance de l’action des pouvoirs publics en faveur de celle-ci.

Les interrogations aujourd’hui posées par les artistes et techniciens du monde de la création ne peuvent être réduites à une simple démarche corporatiste, elles s’inscrivent pleinement dans un large débat sur la Culture en tant qu’enjeu de civilisation. Pour que ce processus soit mené à terme, l’accord du 26 juin dernier doit être abandonné. Celui-ci nuit gravement au dynamisme artistique de la France.

Cet accord écarte le tiers des ayant-droits, ne règle pas le problème des abus des grandes sociétés de production, ne prend pas en compte les professions jusqu’ici exclues tels que les plasticiens et les auteurs. Il est la négation même de l’exception culturelle.

Si cet accord devait demeurer en l’état, les intermittents du spectacle, dans leur majorité, se trouveraient dans une situation catastrophique, victimes d’un accord désastreux, sacrifiées sur l’autel de l’idéologie gestionnaire prônée par le MEDEF. Pire encore, c’est toute la chaîne de la création qui serait mise à mal.
Certes, les activités des intermittents du spectacle comme celles de toutes les professions de la culture ne s’inscrivent pas dans la droite ligne de la logique marchande et ne sont pas rentables du strict point de vue financier. Mais en contribuant pleinement à la vie culturelle nationale, au rayonnement artistique de la France dans le monde, ces derniers sont indéniablement l’une des forces vives de la nation.

Aux tenants d’un ordre comptable, il faut oser dire que ce n’est pas la Culture qui coûte cher mais bien l’absence de Culture. L’ambition d’un Etat d’encourager la création et d’offrir au plus grand nombre l’accès à la Culture, qui s’est traduite par la mise en place d’un ministère des Affaires Culturelles, reste, aujourd’hui plus encore, d’actualité. La République doit avoir pour vocation de défendre les Arts et les artistes.

Ce ne sont pas les interventions policières, comme celle de Lille, qui vont contribuer à instaurer un climat serein nécessaire à la reprise d’un véritable dialogue entre les pouvoirs publics et l’ensemble des organisations représentatives des professions du spectacle, de l’audiovisuel et du cinéma. Tous les acteurs du monde de la Culture doivent être entendus. Les élus communistes, toujours à leur écoute, leur ont déjà, à maintes reprises, exprimé leur soutien.
Afin de créer des conditions propices au vaste débat qui doit être consacré à la Culture, les parlementaires communistes et partenaires, réunis pour leurs journées d’étude à Marseille, demandent que soient abrogées les mesures prises le 26 juin dernier.

Ils souhaitent la mise en place de réelles négociations entre les différents partenaires prenant en compte les propositions issues des innombrables et riches débats qui se déroulent partout en France et qui montrent qu’une autre voie est possible. Les députés et sénateurs communistes et partenaires sont prêts à proposer toutes les mesures législatives nécessaires pour sortir de l’impasse et garantir l’avenir de la Culture dans notre pays.

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