Ingérence du Gouvernement tunisien dans la vie associative

Publié le 24 juillet 2003 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

Robert BRET écrit à Dominique de VILLEPIN, Ministre des Affaires Etrangères

Monsieur le Ministre,

Je tiens par la présente à non seulement attirer votre attention mais surtout connaître votre opinion sur un procédé d’ingérence qui me semble abusif de la part du Gouvernement tunisien.

Ainsi, et après renseignements pris auprès des autorités départementales compétentes, le Gouvernement tunisien, via le Consulat Général de Tunisie à Marseille, se permet d’exercer des pressions sur la Préfecture de Police des Bouches-du-Rhône, pour que cette dernière interdise à une Association de droit français (loi 1901) de mener à bien ses actions.

Il s’agit de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives, laquelle œuvre depuis 18 ans auprès des ressortissants tunisiens mais également européens qui se rendent en Tunisie en période estivale.

Dans un souci d’information et de prévention en direction des vacanciers la FTCR diffuse dans les ports et aéroports une plaquette bilingue (français/arabe) intitulée « Passeport pour un bon voyage » qui contient à la fois des informations juridiques, administratives et sanitaires, notamment des informations sur les maladies sexuellement transmissibles.

Cette Association au financement public, FASILD, DGS et partenariat avec l’Association AIDE, bénéficie du soutien d’organismes publics tels que la DDASS, l’ANPE, les ASSEDIC, la CAF etc&#133lesquels reconnaissent le bienfait et la légitimité des opérations menées. Ceci pour préciser que la plaquette distribuée n’est en rien subversive.

Il y a quelques jours, mais la menace planait depuis un certain temps déjà, la FTCR s’est vue interdite d’accès dans l’enceinte du Port Autonome de Marseille, au prétexte de mesures sécuritaires, « plan vigipirate ».

Lui est accordée la possibilité de mener ses actions à l’extérieur du Port, au même titre que les mouvements proches de sectes, comme les Témoins de Jéhovah et autres, qui distribuent en toute impunité des brochures sur leurs mouvances, faisant du prosélytisme religieux sur la voie publique. Je tiens à votre disposition un échantillon des documents distribués quotidiennement.

J’ai soumis ce problème, à Monsieur FREMONT, Préfet de Région PACA, ainsi qu’à Monsieur BUONUMANON, Directeur de Cabinet de Monsieur le Préfet de Police des Bouches-du-Rhône, lequel m’a appris que cette interdiction était consécutive à des pressions émises par le Consulat Général de Tunisie qui n’apprécie pas du tout la liberté de penser de cette Association.

Indigné par une telle incursion des autorités tunisiennes dans le mouvement associatif, de surcroît lorsqu’il s’agit d’une association de droit français, mais aussi par l’amalgame fait entre association de prévention et mouvements sectaires, je souhaiterai connaître votre opinion sur ce dossier.

De même, je m’interroge sur la présence, semble-t-il, dans l’enceinte du Port, de militants du RCD, Parti au Pouvoir en Tunisie, encadrés par des membres de la police tunisienne de la DGSE (brigade composée de quatre personnes basée dans les locaux du Consulat de Tunisie à Marseille). Leur présence serait motivée par souci d’assurer la sécurité des ressortissants tunisiens qui attendent de pouvoir embarquer sur les Ferries. Pourtant, le Domaine Public Maritime est sous contrôle de la PAF française. Aussi, si tel était le cas, je ne m’explique pas cette intrusion.
Pouvez-vous me confirmer, Monsieur le Ministre, si cette information est fondée ou non ?

Dans cette attente et restant à votre disposition,

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de mes respectueuses salutations.

Robert Bret

Ancien sénateur des Bouches-du-Rhône
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