Acculé à revoir sa copie, Monsieur FILLON a retiré la réforme du bac de son projet ! Si l’on peut se féliciter de ce retrait (provisoire), obtenu grâce à la mobilisation tenace des milliers de lycéennes et lycéens, on ne peut que déplorer le maintien du texte, malgré son rejet massif, tant par l’ensemble de la communauté éducative : enseignants, parents d’élèves, personnels non enseignants, que par les politiques, y compris ceux de la majorité, et les lycéennes et lycéens qui maintiennent leur mobilisation. Tous réclament le retrait du plan Fillon, ou, pour les parlementaires UMP, au moins son évolution !
Loin de présenter une transformation progressiste de l’école, ce texte est le dernier volet de la réforme libérale voulue par Jacques Chirac et qu’il appelle de ses vœux afin de « formater » notre système éducatif au diktat européen.
En effet, les grandes lignes de ce projet se retrouvent dans les décisions prises au cours des différents sommets européens de ces dernières années
- Déclaration de Bologne en 1999
- Conseil Européen de Lisbonne dite "stratégie de Lisbonne ; mars 2000.
- Conseil Européen de Barcelone en 2002 définit en particulier le "socle de compétences clés" ;
- Déclaration de Copenhague en novembre 2002.
Il révèle bien là la politique libérale que veut mettre en application ce gouvernement, pour construire une société dans laquelle l’économie prime, au détriment de l’humain.
Je ne peux évidemment pas souscrire à une telle politique.
Par ailleurs, ce texte ne propose à aucun moment de lutter contre les inégalités, bien au contraire, il propose de les pérenniser. Il parle d’égalité des chances, mais ne parle jamais des enfants vivant sous le seuil de pauvreté…
Il préfère faire appel au retour de l’autoritarisme en s’appuyant sur de réels disfonctionnements de notre système, au retour d’une école élitiste plutôt que de proposer une réelle démocratie de notre système par un réel partenariat au service de nos jeunes…
Mais le consensus qui se dégage contre ce projet d’appauvrissement du service public d’éducation ne doit pas masquer les difficultés que l’école rencontre aujourd’hui. Dans bien des lieux, la situation inégalitaire est devenue depuis une quinzaine d’années une véritable fracture dans l’accès au savoir.
Aussi, notre rejet de cette école libérale ne doit pas nous inciter au statut quo ou au retour de « l’école d’antan ». Ce rejet doit se manifester par une opposition productive et audacieuse, qui doit appeler à la diffusion des lumières, à une renaissance des ambitions scolaires et à une remise en marche de l’ascenseur social.
Je suis convaincue que si l’on s’en donne véritablement les moyens, l’école de la réussite pour tous les jeunes, deviendra une utopie réalisée !
C’est l’objet du projet de loi communiste pour l’école, fruit d’une longue et large concertation avec tous les partenaires de l’éducation nationale, que nous allons déposer prochainement au parlement. Ce projet de loi alternatif est porteur d’une véritable ambition car il vise l’égalité d’accès aux savoirs et connaissances de tous les élèves, par des mesures dans et hors l’école.
Il vise une transformation progressiste du système éducatif, accompagné d’une transformation de la société, avec pour objectif une ambition de culture scolaire commune de haut niveau -générale, technologique, artistique, physique et sportive- pour tous.
Parce que nous voulons l’école de l’égalité et de la justice, nous ne nous résignons pas à ce que perdure l’échec scolaire, qui frappe essentiellement les enfants des milieux populaires.
Parce que nous luttons pour une école de la réussite pour tous, nous luttons contre toutes les inégalités à l’école, qu’elles soient d’origine économique et sociale, à caractère sexiste, territoriales ou scolaires.
Nous savons bien l’ampleur et la complexité des problèmes que nous affrontons. Les objectifs de « l’éducation pour tous » et de « l’éducation pour la paix » sont encore bien loin d’être atteints, sans véritable consensus mondial. Mais définir un but, des orientations et des mesures permettant immédiatement d’avancer, par cette proposition de loi, c’est ouvrir des perspectives alternatives aux politiques actuelles, et franchir le premier pas vers leurs réalisations.