Le gouvernement, malgré les protestations de la communauté éducative sur sa politique, continue à faire « cavalier seul » et, en réponse aux événements dramatiques qui se sont succédés ces derniers jours, propose l’apprentissage dès 14 ans.
Cette proposition non seulement met fin au collège unique et renonce aux ambitions démocratiques de l’école publique, mais revient sournoisement sur l’âge limite de la scolarité obligatoire !
Elle est, par ailleurs, incohérente avec le vote dans la loi Fillon du socle de compétence « minimaliste » que les jeunes doivent maîtriser, socle pour lequel le Haut Conseil de l’Education, chargé d’en définir le contenu et dont l’équilibre politique est fortement ancré à droite, a débuté ses travaux cette semaine !
Ne nous leurrons pas, cette proposition est principalement destinée aux jeunes des populations défavorisées, ceux là même qui réclament plus de justice sociale, plus d’égalité, plus de reconnaissance de leur citoyenneté !
En réponse à leur détresse, le gouvernement leur refuse l’accès à l’école républicaine et choisit de les priver des outils intellectuels dont ils auraient besoin pour lutter en vue de leur émancipation !
Le gouvernement façonne ainsi l’école de la « reproduction sociale », celle qui constitue le terreau dans lequel ces inégalités d’accès aux savoirs deviendront, et on le constate malheureusement aujourd’hui, des inégalités de classes !
C’est pourquoi, je demande solennellement, au premier ministre de retirer cette proposition et de faire le choix d’une école de qualité pour tous nos jeunes en abondant le budget 2006 de l’enseignement scolaire, budget amputé de 80 millions d’euros par les députés de la majorité, et de redonner de véritables moyens aux ZEP ! On ne peut se contenter de la création supplémentaire de 5000 postes d’assistants pédagogiques, qui s’apparentent par ailleurs à des MI-SE « au rabais », car elle est loin de combler les suppressions massives de postes, mises à l’oeuvre par le gouvernement depuis plusieurs années !
Même si je n’ai pas la naïveté de croire que l’école à elle seule peut solutionner tous les problèmes de société, elle reste indéniablement le levier de transformation de la société en instruisant les femmes et les hommes, afin qu’elles et ils s’approprient les savoirs et connaissances qui leur permettront de comprendre le monde et de le rendre plus juste, plus équitable, plus démocratique, en somme, plus respectueux des droits fondamentaux !