C’est avec une grande satisfaction que j’ai pris connaissance de la décision du bureau du Stif d’inscrire à l’ordre du jour du 10 mai Prochain le remplacement tant attendu et réclamé du matériel diesel particulièrement vétuste par 24 autorail de grande capacité bi-mode (électricité- diesel) dont 19 sur Paris-Provins, maillon de la seule ligne SNCF d’intérêt national non électrifiée en Région Ile-de-France et 5 sur Paris-La Ferté Milon.
La vétusté du matériel roulant actuel est en effet source de dysfonctionnement et de retards réguliers : trains supprimés, arrêts en pleine campagne, pannes de chauffages, voitures sans éclairage, horaires non respectés forment le lot habituel des usagers de cette ligne.
Le mécontentement des usagers s’était d’ailleurs traduit par la signature de la pétition portée l’année dernière à mon initiative et celle de Pierre Mathieu, Vice-Président de la région Champagne-Ardenne, pour le respect, par l’Etat, de ses engagements en faveur de l’électrification de la ligne Paris Bâle.
Pour mémoire, celle-ci avait recueilli plus de 10 000 signatures.
En annonçant cette décision d’investir dans du matériel roulant neuf, le nouveau président du Stif, monsieur Jean-Paul Huchon met ainsi fin à des années d’immobilisme et de retards de l’Etat, dus notamment à l’absence totale de prise de décision du Préfet de Région sur ce dossier, alors qu’il présidait le STIF jusqu’en Juin 2005.
Néanmoins, on ne peut se satisfaire de cette unique solution et éviter l’électrification de la ligne dont le montant des travaux s’élève à 210 millions d’Euros en valeurs 2004, date de la dernière estimation du coût du projet. Desservant de grande agglomérations, notamment Troyes, Chaumont, et Mulhouse... cette électrification est en effet indispensable tant au développement du trafic voyageur que celui du FRET : l’absence d’électrification conduit par exemple la raffinerie de Grandpuits a développer le tout camion (+30% d’augmentation du trafic depuis 2 ans et une augmentation de 50% de trafic de camions est annoncée par l’entreprise d’engrais de Grande Paroisse S.A pour 2008 !).
Si l’électrification n’est aujourd’hui pas remise en cause formellement, elle n’est pas pour autant acquise.
Certes, en octobre 2004, le ministre des transports de l’époque, Monsieur Gilles de Robien, avait renouvelé l’engagement de maintenir le caractère d’intérêt national de la ligne et le Projet d’électrification. Cet engagement m’a été confirmé par courrier par l’actuel ministre, monsieur Dominique Perben, le 16 février 2006, mais sans s’engager sur une date de réalisation ni revoir la faiblesse inacceptable du montant de sa participation au projet : 25% du coût de l’opération, ce qui est sa plus faible participation jamais enregistrée sur un projet d’infrastructure concernant une ligne d’intérêt national.
Le gouvernement souhaite ainsi faire porter le coût de son électrification aux collectivités territoriales qu’elle traverse ! Les 75 % restant sont en effet, dans ce cas, à répartir entre les régions Ile-de-France et Champagne Ardenne, les départements de l’Aube et de la Seine-et-Marne et, éventuellement, la Ville de Paris !
Aujourd’hui, le Président de la région Ile-de-France, président du Stif, et sa majorité de gauche tiennent un engagement de campagne des régionales d’améliorer qualitativement et quantitativement l’offre de desserte de transports sur notre territoire.
L’état doit désormais emprunter le même chemin et se réengager à un niveau acceptable sur l’électrification de cette ligne, et donner ainsi un signe fort à Réseau Ferré de France (RFF) pour que le dossier soit enfin sur les rails !
Michel Billout
Président de l’association des élus de Seine et Marne pour la modernisation de la ligne Paris-Bale