La convention médicale instaure le dispositif du médecin traitant et un parcours de santé dont il est censé être le coordinateur.
Elle a été signée entre le ministre de la santé et trois syndicats de médecins libéraux, sans tenir compte ni du vaste mouvement d’opposition des médecins généralistes, ni de l’avis critique du conseil de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie, où siègent les syndicats de salariés.
Je considère avec eux que ce dispositif est pernicieux, qu’il va conduire à une ségrégation des malades par l’argent et conférer aux médecins spécialistes un avantage exorbitant par rapport à leurs confrères généralistes à l’occasion de la mise en œuvre du parcours de soins.
En effet, les médecins traitants se voient confier une mission de coordination sans rémunération aucune hormis un forfait de 40 euros par an pour la prise en charge des affections de longue durée.
C’est une véritable provocation lorsque l’on sait que les médecins spécialistes ont tous obtenu des revalorisations tarifaires. Les généralistes, quant à eux, devront recevoir plus de patients, faire la "course à l’acte" pour gagner leur vie, ce qui est parfaitement contradictoire avec les charges supplémentaires que le gouvernement leur confie. De la même façon, cette pseudo-réforme fera effet de repoussoir à l’installation de jeunes généralistes, alors même que la démographie médicale sur le territoire subit une baisse préoccupante, notamment en milieu rural et dans les quartiers populaires.
Quant aux patients, on veut leur faire croire qu’ils seront bien pris en charge s’ils respectent le parcours de soins. En réalité, d’après une étude faite par le Syndicat de la Médecine Générale, les dépenses à leur charge devraient augmenter d’environ 10%, entre la taxe d’un euro à chaque visite et l’augmentation des tarifs des spécialistes, l’extension des dépassements de leurs honoraires et la hausse obligée des tarifs des mutuelles.
Ces effets pervers préfigurent une médecine à deux vitesses : le passage obligé par le médecin traitant sera contourné par ceux qui en ont les moyens. Les spécialistes conventionnés ayant désormais intérêt à recevoir en priorité les patients aisés, cela allongera les délais d’attente pour ceux qui seront contraints de respecter le parcours de soins.