Monsieur le Premier Ministre,
Ainsi que vous le savez, la Cour d’appel de Paris s’est, dans un arrêt rendu le 30 juin 2004, déclarée favorable à l’extradition de Monsieur Cesare BATTISTI, condamné par contumace à la prison à perpétuité par la cour d’assises de Milan en 1993 et réfugié en France depuis une quinzaine d’années.
En accédant ainsi à la demande exprimée par le gouvernement italien, la justice française revient sur les engagements pris en 1985 par François Mitterrand à l’égard des réfugiés italiens, et qui avaient vocation à dépasser ce qu’on appelle « les années de plomb ».
Or, la France ne peut pas, vingt ans après avoir accordé l’asile à ces anciens activistes italiens, revenir ainsi sur sa parole qui a été de surcroît -faut-il le rappeler- respectée par les neufs gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédés depuis.
Reconnaissants envers notre pays de leur avoir ainsi octroyé un droit d’asile de fait, ces hommes et ces femmes ont totalement rompu avec leur passé politique et se sont, dans le même temps, parfaitement intégrés dans notre société. Certaines de ces personnes ont effectivement fondé une famille en France.
Je suis d’autant plus inquiet des conséquences que ne manquerait pas d’avoir la remise en cause de cette protection sur l’avenir de ces personnes et de leurs familles que des informations circulent évoquant l’existence de listes de noms fournies par le gouvernement italien relatives à de futures demandes d’extradition à l’attention du gouvernement français.
Pour toutes ces raisons, je vous demande solennellement de bien vouloir respecter la parole donnée par la France et de refuser, en conséquence, de signer le décret autorisant l’extradition de Cesare BATTISTI.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de ma considération distinguée.