Avec Annie David, sénatrice communiste de l’Isère, Danièle Lebail-Coquet et Patrice Voir, tous deux secrétaires fédéraux du PCF du Rhône et de l’Isère, nous avons visité le Centre de rétention administrative de Saint-Exupéry, le jeudi 20 avril dernier. Indignation, révolte et beaucoup d’émotion, tels sont les sentiments qui nous ont animé à notre sortie.
Deux raisons majeures avaient fondé cette visite.
Tout d’abord, parce que nous sommes très sensibles au devenir des personnes déboutées du droit d’asile, en situation irrégulière et qui se retrouvent, privées de liberté dans l’attente d’être expulsées vers leur pays d’origine et le soutien que nous apportons à leur situation est une importante part de notre activité de parlementaires.
Ensuite, parce que la discussion du projet de loi "Immigration et Intégration", commence début mai à l’Assemblée nationale. Une loi scélérate qui a déjà rassemblé contre elle de très nombreuses associations, et personnalités.
Si nous sommes profondément choqués des conditions de rétention, nous sommes indignés que des personnes soient retenues pour le seul délit de ne pas avoir de papiers. N’oublions jamais que ce ne sont pas des criminels.
Ainsi, on voit bien que derrière la légalisation de la privation de liberté pour les étrangers, se profile une véritable politique liberticide que va confirmer la future loi Sarkozy. Ainsi, la liberté devient exception et l’enfermement la règle. Les objectifs chiffrés du ministre de l’Intérieur participe de cette politique, des chiffres revus à la hausse chaque année qui ont des effets dévastateurs sur les individus.
Comment ne pas être révoltés par la monstrueuse circulaire du 21 février dernier conjointement signée par les ministres de l’Intérieur et de la Justice, qui légalise les interpellations d’étrangers en situation irrégulière au domicile, dans les locaux des associations ou par l’usage de convocations pièges.
Plus monstrueux encore, les arrestations des enfants mineurs dans les écoles, malgré la circulaire Sarkozy d’octobre 2005 qui, la main sur le cœur recommandait que les enfants terminent leur année scolaire.
Aujourd’hui, les rafles de sans-papiers sont devenues une réalité quotidienne. Et les administrations qui appliquent les consignes ministérielles à la lettre, le font au mépris des réalités humaines. Les individus sont devenus des statistiques et leur histoire se résume à un dossier.
Cette inhumanité prévaut dans les effets cumulés de l’allongement de la durée de la rétention et de l’augmentation du nombre d’interpellations. Cette logique conduit à l’engorgement du dispositif et le CRA est plein en permanence. Et si la capacité d’accueil du CRA a beaucoup évolué, elle est notoirement insuffisante. Aujourd’hui, 122 personnes peuvent être retenues, ce sont 2936 personnes majeures dont 380 femmes qui ont été placées au CRA en 2005, dont 1030 par la Préfecture du Rhône. Quant au nombre d’enfants, il est passé de 74 en 2003 à 139 en 2004 pour atteindre 181 en 2005.
Une présence particulièrement choquante et traumatisante.
Nous protestons avec force contre cet enfermement que rien ne justifie et qui va à l’encontre des droits les plus fondamentaux. Oui, il faut en finir avec le mépris, l’exploitation des individus, la suspicion et la répression.
Notre lutte contre cette violation des droits de l’Homme et de l’Enfant va se poursuivre lors du débat sur le projet de loi CESEDA qui prévoit le durcissement des conditions d’entrée et de séjour des immigrés dans notre pays et par de nombreuses initiatives avec le collectif Contre une Immigration Jetable.
D’ores et déjà, la riposte s’organise et nous participerons à la journée d’action du 29 avril à Lyon et au rassemblement national le 13 mai à Paris.