Parmi les propositions de la mission d’information sur la formation et le recrutement des enseignants, pilotée par le député UMP Jacques Grosperrin, figure la fin du recrutement national sur concours des enseignants.
Cette proposition, d’une gravité extrême pour l’égalité de traitement sur tout le territoire, s’inscrit, sans surprise, dans la droite ligne des mesures de la majorité présidentielle visant à démanteler notre service public d’éducation.
Elle est ainsi le corollaire de la proposition d’un recrutement des enseignants directement par les chefs d’établissement, émise par le sénateur UMP Jean- Claude Carle, rapporteur de la mission d’information sénatoriale sur l’organisation du système scolaire.
Ces mesures, sous couvert de pragmatisme, s’inscrivent dans un objectif éminemment politique. Devant l’importance grandissante des savoirs dans notre société, le système néolibéral cherche à développer un salariat mieux et plus formé sans dépenser plus dans la formation, ni donner aux futurs salariés la maîtrise des savoirs.
Les mesures avancées par la droite sont la porte ouverte à une explosion des inégalités : différenciation et individualisation des parcours de formation, dans un cadre de moins en moins national et de plus en plus territorialisé ; différenciation de la formation des enseignants, casse du cadre national de recrutement et affaiblissement du concours face au master.
Tout au contraire, il est impératif, pour assurer la réussite de tous les élèves et relever le défi d’une réelle démocratisation scolaire, de maintenir un cadre national de la formation et du recrutement des enseignants, sur concours, avec l’idée d’IUFM rénovés, autonomes, garantissant un maillage territorial pour un égal accès à la formation initiale et continue.
La piste pertinente, que j’ai défendue au Sénat le 26 avril lors d’une question orale avec débat, est celle d’un pré-recrutement.
Ce système a l’avantage de concilier trois objectifs essentiels : une plus grande démocratisation dans l’accès au métier d’enseignant ; une relance de son attractivité ; un rempart contre la précarisation, évitant la création d’un vivier de vacataires précaires, comme le seront les bataillons de reçus-collés. Une véritable aubaine pour des établissements poussés vers toujours plus d’autonomie qui auront le pouvoir de recruter directement leurs enseignants.