La baisse de l’impôt sur le revenu, annoncée par le Ministre de l’Economie et des Finances et le Ministre du Budget, s’inscrit dans la logique des choix budgétaires menée par les gouvernements de droite successifs depuis maintenant trois ans et demi. En cassant la progressivité de l’impôt sur le revenu et en plafonnant le montant des impôts directs, le gouvernement favorise les foyers les plus aisés et n’améliore en rien la situation des plus modestes.
De plus, il prive les pouvoirs publics de ressources utiles à la satisfaction des besoins alors que la situation des comptes publics ne s’est pas améliorée cette année et que la croissance économique n’est pas au rendez-vous.
En cette rentrée difficile pour les Françaises et les Français, l’annonce très médiatique de la baisse programmée de l’impôt sur le revenu, dont les effets ne se feront sentir qu’en février 2007, ne peut occulter la réalité vécue par les familles.
Hausse des tarifs des transports publics, flambée du prix de l’essence, hausse continuelle du gaz et de l’électricité, dégradation de la couverture sociale, hausse des impositions locales du fait de la décentralisation, et poursuite de l’augmentation des prix des produits de consommation courante sont au rendez vous dès cette rentrée 2005.
Le chômage n’a pas connu de réduction sensible et les dernières baisses enregistrées récemment, ne traduisent pas une véritable amélioration de la situation de l’emploi en France. Elles sont la simple conséquence de départs en retraite anticipés et de radiations administratives.
On ne compte plus dans le Département de l’Essonne, les entreprises mettant en œuvre des plans sociaux et l’exemple fourni par Hewlett Packard aux Ulis est malheureusement significatif.
La prétendue « réforme » de l’impôt sur le revenu n’aura qu’un impact limité sur le pouvoir d’achat des ménages.
Pour un célibataire gagnant 1 000 euros nets par mois, le gain ne sera que de 22 euros.
Pour un salaire de 2 000 euros mensuels - salaire moyen observable en France - la baisse atteindra 388 euros.
Mais le point principal de cette réforme est la suppression de l’abattement de 20 %. Sous prétexte d’être intégré dans le barème, cet allègement qui ne s’appliquait ni à certains revenus financiers ni aux revenus supérieurs à 117 000 euros, va désormais pleinement profiter aux bénéficiaires de rentes foncières, de dividendes ou de plus-values immobilières ainsi qu’aux contribuables les plus riches.
Une solidarité à l’envers en quelque sorte, car ce sont les plus grandes fortunes qui tireront les avantages les plus considérables de cette réforme.
Pour les Français non imposables, rien de plus, si ce n’est le train des hausses de prix et la réduction de la dépense publique pour l’éducation, la santé, la culture, le développement des transports publics, qui serviront ainsi à financer la baisse de l’impôt.
Pour les salariés modestes et les couches moyennes, peu de choses à gagner : de quelques dizaines à quelques centaines d’euros qui seront vite absorbés par les hausses des tarifs publics, l’augmentation des prix à la consommation et celle des prélèvements sociaux.
C’est donc une réforme injuste et inefficace que le gouvernement Villepin-Sarkozy à l’intention de mettre en œuvre.
À l’occasion des débats sur le projet de loi de finances 2006, je m’opposerais à ces orientations qui tournent le dos à la plus élémentaire justice fiscale et sociale et je défendrais des propositions qui permettent une meilleure redistribution des richesses et visent à alléger la charge fiscale des revenus les plus modestes.